San-Antonio ou le temps majuscule : un titre qui sonne comme une gageure voire un défi. Sans doute, mais San-Antonio est beaucoup plus qu'un saltimbanque de la littérature, comme il se définit modestement. Pendant plus de quarante ans, le temps va se révéler la véritable obsession du romancier de Bourgoin-Jallieu, à la fois démarche intellectuelle et perception psychologique à la limite du pathologique.
A l'aune implacable de Kronos, la vieillesse, la mort, l'enfance, l'amour, la fragilité de l'instant, l'éternité : autant de thèmes "poétiques" où l'écriture va s'épanouir lyriquement ou se briser dramatiquement, de l'acceptation résignée à la révolte instinctive et du vertige fasciné à l'amertume poignante.
Car le temps se révèle, pendant plus de quarante ans, la véritable obsession du romancier, Frédéric Dard, conteur talentueux et jongleur verbal, écrivain méconnu, viscéralement tourmenté et éperdu de tendresse qui chante et qui sanglote avec ses mots; un homme dont les rires tonitruants ne parveinnent pas à occulter la tragédie primordiale : celle d'être et de devoir mourir, jouet dérisoire.

Né dans une famille d'enseignants, Bernard Lathuille entra lui aussi dans l'Education Nationale où il enseigna pendant longtemps la langue et la civilisation italienne à des lycéens et étudiants dont certains sont déjà morts.